Que ninguém se sinta obrigado a ler este blog... a sério, só o fiz para ver como é, para publicar aquilo que me vem à cabeça... o que nem sempre é interessante. Ne vous sentez pas obligés de lire ce blog... je l'ai fait uniquement comme expérience, pour publier ce que je considère intéressant. Et tout est relatif. Surtout l'intéressance. Bref, bienvenue à mon blog! Bem-vindos ao meu blog!

segunda-feira, fevereiro 20, 2006

fin

«Des enfant adultes et sauvages, mûris dans les privations, dans l'isolement, dans les campements et dans la guerre. Désorientés au seuil de l'Occident de la paix. Voilà, sous leurs bottes vingt fois rafistolées, le sol de l'ennemie, de l'exterminatrice, l'Allemagne-Deutschland-Dajcland-Niemcy: une campagne propre, nette, pas touchée par le guerre, mais attention, ce n'est là qu'une apparence, la véritable Allemagne, c'est celle des villes, celle entrevue à Glogau et à Neuhaus, celle de Dresde, de Berlin et de Hambourg dont on leur avait raconté le sort effroyable. C'est celle-là la véritable Allemagne, celle qui s'était soûlée de sang et avait dû payer; un corps prostré, blessé à mort, déjà en décomposition. Nu. En même temps que la joie barbare de la vengeance, ils éprouvaient une gêne nouvelle, comme celui qui découvre une nudité interdite.
Des deux côtés de la route se voyaient des maisons aux fenêtres condamnées, pareilles à des yeux clos ou qui ne veulent pas voir; quelques-unes de ces maisons avaient encore leur toit de chaume, d'autres n'en avaient plus, ou bien il avait brûlé. Des clochers en ruine, des stades où déjà poussait de la mauvaise herbe. Dans les agglomérations, des tas de décombres avec des écriteaux où on lisait: "Ne pas marcher ici: corps humains". De longues queues devant les rares boutiques ouvertes, et des habitants du lieu s'affairant à effacer ou à ôter à coups de marteau les symboles du passé, ces aigles et ces croix gammées qui devaient durer mille ans. Aux balcons flottaient d'étranges drapeaux rouges: on y voyait encore la trace du svastika noir décousu en toute hâte; mais bientôt, à mesure que les gédalistes poursuivaient leur chemin, les drapeaux se firent plus rares et finirent par disparaître.
Gédal dit à Mendel:
– Si ton ennemi tombe, ne te réjouis pas; mais ne l'aide pas à se relever.»
Primo Levi, Maintenant ou jamais

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