Que ninguém se sinta obrigado a ler este blog... a sério, só o fiz para ver como é, para publicar aquilo que me vem à cabeça... o que nem sempre é interessante. Ne vous sentez pas obligés de lire ce blog... je l'ai fait uniquement comme expérience, pour publier ce que je considère intéressant. Et tout est relatif. Surtout l'intéressance. Bref, bienvenue à mon blog! Bem-vindos ao meu blog!

segunda-feira, fevereiro 20, 2006

"Dix pour un..."

«Ils progressèrent dans la nuit, aussi vite qu'ils le purent, avec le remords de cette trop facile vengeance, et aussi le soulagement de se dire que tout était fini.[...] Mendel était en tête du groupe, entre Line et Gédal.
– Vous les avez comptés? demanda Line.
– Dix, répondit Gédal. Deux près de la porte, un que Mottel a tué dans l'escalier, sept dans la salle du conseil.
– Dix pour un, dit Mendel. Nous avons fait comme eux: dix otages pour un Allemand abattu.
– Ton compte est faux, dit Line. Les dix de Neuhaus ne doivent pas être portés au compte de Rokhélé, mais à celui des millions de morts d'Auschwitz. Souviens-toi de ce que nous a raconté la Française.
– Le sang, dit Mendel, ne se paie pas avec le sang. Le sang se paie avec la justice. Celui qui a tiré sur la Noire est une bête humaine, et je ne veux pas devenir une bête. Si les Allemands ont tué par le gaz, devrons-nous aussi tuer tous les Allemands par le gaz? Si les Allemands tuaient dix hommes pour un et qu'on faisait comme eux, on deviendrait comme eux, et il n'y aurait plus jamais de paix.
Gédal intervint:
– Tu as peut-être raison, Mendel. Mais alors comment ça se fait que je me sens mieux maintenant?
Mendel réfléchit un moment:
– Oui, moi aussi, je me sens mieux, admit-il enfin, mais ça ne prouve rien. À Neuhaus, c'étaient des réfugiés de Dresde. Smirnov nous a raconté: à Dresde, il y a eu cent quarante mille morts en une seule nuit. Cette nuit-là, à Dresde, ça flambait tellement que la fonte des lampadaires a fondu.
– Ce n'est pas nous qui avons bombardé Dresde! dit Line.
– Assez! dit Mendel. Ça a été la dernière bataille. Marchons plus vite, allons chez les Américains.»
Primo Levi, Maintenant ou jamais

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