Que ninguém se sinta obrigado a ler este blog... a sério, só o fiz para ver como é, para publicar aquilo que me vem à cabeça... o que nem sempre é interessante. Ne vous sentez pas obligés de lire ce blog... je l'ai fait uniquement comme expérience, pour publier ce que je considère intéressant. Et tout est relatif. Surtout l'intéressance. Bref, bienvenue à mon blog! Bem-vindos ao meu blog!
sexta-feira, setembro 09, 2005
Pablo Neruda: La Solitude Lumineuse
Je lis en ce moment un livre de Pablo Neruda, La Solitude Lumineuse (éditions Folio). Avec à peine une centaine de pages, il me prend plus d'une semaine à lire, tellement il est dense. Il s'agit de nombreux épisodes d'un long séjour en Orient, dans les colonies Anglaises, la description d'une expérience de "solitude lumineuse": «Entre les Anglais, tous les soirs en smoking, et les Hindous inaccessibles en leur fabuleuse immensité, je ne pouvais choisir que a solitude; c'est pourquoi cette époque a été la plus solitaire de ma vie. Mais je la revois aussi comme la plus lumineuse (...)»
J'ai transcrit quelques-uns des extraits que j'ai le plus aimé, non seulement pour la beauté de l'épisode, mais aussi pour les descriptions, et la poésie du langage.
Le temple
«Quand nous entrons dans le temple nous ne voyons rien dans la pénombre. Une forte odeur d'encens et là-bas quelque chose qui remue. C'est un serpent qui s'étire. Peu à peu nous constatons qu'il y en a d'autres. Puis nous observons qu'ils sont peut-être des douzaines. Plus tard nous comprenons qu'il y en a des centaines ou des milliers. Les uns sont petits, enroulés autour des candélabres; d'autres, noirs, métalliques et minces. Tous semblent dormir, repus. Et, en effet, partout on voit de fins récipients de porcelaine, quelques-uns débordants de lait, d'autres garnis d'oeufs. Les serpents ne nous regardent pas. Nous les frôlons en passant dans l'étroit labyrinthe du temple, ils dominent nos têtes, suspendus à l'architecture dorée, ils dominent dans la maçonnerie, ils se lovent sur les autels. (...) Des serpents verts, gris, bleus ou noirs remplissent la salle. Tout est silencieux. De temps en temps, un bonze en robe safran traverse l'ombre. La couleur brillante de sa tunique le fait ressembler lui aussi à un serpent au glissement paresseux, à la recherche d'un oeuf ou d'une écuelle de lait.
A-t-on apporté jusqu'ici ces reptiles? Comment se sont-ils adaptés? On répond à nos questions avec un sourire, en nous disant qu'ils sont venus seuls et repartiront seuls quand ils en auront envie.»
L'opium
«... Il y avait des rues entières consacrées à l'opium... Les fumeurs s'allongeaient sur des estrades basses... C'étaient les véritables centres religieux de l'Inde... Ils n'offraient aucun luxe, ni tapisseries ni coussins de soie... Tout n'y était que planches brutes, sans même un revêtement de peinture, pipes de bambou et oreiller de faïence chinoise... Il y flottait un air de dignité et d'austérité qui n'existait pas dans les temples... Les hommes assoupis ne faisaient ni mouvements ni bruit... Je fumai une première pipe... Rien... Rien qu'une fumée caligineuse, tiède et laiteuse... Je fumai quatre pipes et je fus cinq jours malade: des nausées montaient de mon épine dorsale et descendaient de mon cerveau... Avec une haine du soleil, une haine de vivre... Le châtiment de l'opium... Pourtant, l'opium ne pouvait pas n'être que cela... On en parlait tant, on avait tellement écrit à son sujet, on avait tellement fouillé mallettes et valises dans les douanes pour essayer de saisir le poison, le célèbre poison sacré... Il me fallait vaincre ma répugnance... Je devais apprendre l'opium, connaître l'opium, pour apporter mon témoignage... Je fumai de nombreuses pipes, jusqu'au moment où je sus...»
Ceylan
«Pas à pas je découvris l'île. Une nuit je traversai tous les faubourgs obscurs de Colombo pour assister à un dîner mondain. D'une maison dans l'ombre s'élevait la voix d'un enfant ou d'une femme qui chantait. Je fis arrêter mon rickshaw. Arrivé à deux pas de l'humble seuil je fus surpris par une odeur qui est celle, caractéristique de Ceylan: un mélange de jasmin, de sueur, d'huile de noix de coco, de frangipanier et de magnolia. Des visages sombres, qui se confondaient avec la couleur et l'odeur de la nuit, m'invitèrent à entrer. Je m'assis en silence sur une natte, tandis que persistait dans l'obscurité la mystérieuse voix humaine qui m'avait incité à m'arrêter, voix d'enfant ou de femme, tremblante et sanglotante, qui montait jusqu'à l'indicible, s'interrompait soudain, descendait pour devenir aussi obscure que les ténèbres, s'associait au parfum des frangipaniers, s'enroulait en arabesques et retombait brusquement de tout son poids cristallin, comme si le plus haut des jets d'eau avait touché le ciel pour se laisser choir ensuite parmi les jasmins.»
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